Définition : acroamatique

Définition : acroamatique

11 juillet 2021 Non Par Cyril Lélian Daudé

Acroamatique

Nous avons choisi de prendre comme fil directeur une approche que nous espérons propre à répondre à la complexité des figures que sont Cendrars, Mian et Stein. Il s’agit d’une approche inductive, transversale, immersive, à l’écoute des propos des auteur eux-mêmes et de voix qui nous permettent de mieux les entendre. Cette approche est dite acroamatique.

Terminologie

Le terme « acroamatique » désigne à l’origine tout enseignement reçu par l’oreille. Il s’oppose ainsi au savoir tiré de l’étude des livres. Patrick Quillier parle d’acroamatique comme d’une méthode qui « privilégie l’oreille comme instance centrale de l’expérience littéraire, chez l’écrivain comme chez son lecteur[1] ».

Il ne s’agira pas de prioriser l’étude du corpus sur l’examen de leurs spécificités phonologiques et phoniques. Le phénomène auditif, avant d’être étudié dans la matérialité phonologique des textes ou dans ses occurrences sémantiques, est appréhendé au niveau des représentations de l’expérience sensorielle et cognitive. Partant, c’est cette appréhension qui nous permet de voir – et surtout comprendre – la relation des auteurs du corpus à la production artistique et littéraire.

On remarque chez nos trois auteurs une forte propension à mélanger les registres sonores, les contrastes, les voix : du langage précieux au plus grand dépouillement, d’une régularité presque harmonieuse à une déstructuration dissonante… force est de constater la grande variété et la richesse de ces textes. Plus encore, la méthode acroamatique nous semble la plus appropriée dans la mesure où, semble-t-il, leurs écritures participent elles-mêmes d’une forme de gnoséologie de type acroamatique.

[1] Patrick Quillier, « La dramaturgie paradoxale de Faust : ‘‘tragédie du sujet’’ et tragédie de l’oreille », in Pessoa : Unité, Diversité, Obliquité, éd. Pascal Dethurens et Maria-Alzira Seixo, Paris, Christian Bourgois, 2000, p.434.